L’agriculture au cœur des villes

« en vert et contre tout »

agriculture au coeur des villesComment peut-on mieux préparer nos villes à répondre aux défis écologiques et sociaux du 21ème siècle ? Comment l’agriculture urbaine sous toutes ses formes peut-elle y contribuer ?

Il y a quelques mois nous avions parlé de Détroit aux Etats Unis. Ces villes en transition développent des systèmes alimentaires alternatifs. Ces nouveaux aménagements paysagers « productifs », sont autant d’outils proposés pour réfléchir au potentiel de l’agriculture urbaine pour les prochaines années car en 2050, 70% de la population mondiale vivra dans des grandes agglomérations.

La réintroduction de ce modèle de production se développe rapidement et les expériences se multiplient : potagers partagés dans les rues, ruches, jardins maraîchers et serres sur les toits, mais aussi utilisation des déchets organiques et des composts urbains recyclés sur place.

Des projets sont en cours comme la tour de la biodiversité dans le 13ème arrondissement qui devrait voir le jour en 2015 et Paris compte déjà presque 4 hectares de verdure sur ses toits, créés depuis le plan biodiversité de novembre 2011. Versailles et son potager sont un peu à part, mais constitue un patrimoine tellement extraordinaire, à visiter d’urgence …

Aujourd’hui, des fermes du ciel, véritables tours agricoles apparaissent dans les réflexions sur une ville parfaitement autonome, avec la possibilité d’une filière intégrée avec une étape de production à chaque étage (Dragonfly à Manhattan, véritable ferme urbaine, les 120 jardins potager de Sky Green et sa production de 500 kg de légumes par jour). Le professeur en sciences environnementales l’américain Dikson Despommier soutient qu’une tour de 30 étages pourrait nourrir 50 000 personnes. Peut-être une solution aux problèmes de disponibilité foncière et d’occupation des sols, à un moment où le projet de reverticaliser les villes prend place dans l’agenda des politiques. Les fermes verticales proposent, en effet, l’élimination des coûts de transport et de leur impact carbone, ainsi qu’un approvisionnement régulier face aux aléas climatiques et saisonniers des productions de plein champ.

Le développement d’une agriculture urbaine est ainsi porteur d’avantages de nature esthétique et d’embellissement de la cité ; on peut également en attendre des développements en matière de tourisme vert, ou de balades identitaires et patrimoniales dans la ville.

Enfin, une dernière vertu de l’agriculture urbaine réside dans ses potentialités en matière environnementale, en termes de réduction des îlots de chaleur.

Une des plus importantes limites au déploiement de l’agriculture en ville est liée à la qualité médiocre des sols urbains. Ces sols sont non seulement secs, tassés, riches en nitrates et quelquefois pollués, avec une forte teneur en métaux, mais leur origine est aussi très difficile à tracer, surtout s’ils ont été déplacés. Cette question se pose de manière aiguë dans les jardins partagés, dont les usages alimentaires sont encore sujet à caution, et dans les processus de reconversion des sols, dont le retour à l’activité agricole risque de se révéler bien difficile. De plus, l’agriculture urbaine se heurte au fait que beaucoup d’espèces animales ou végétales ne sont pas en mesure de vivre, de pousser ou de survivre de manière spontanée sur les terrains urbains qu’elles occupent notamment car les milieux de ces espaces sont soumis à la forte pression des citadins et de leurs nombreuses activités.